Soumis par admin le mer 28/09/2016 - 21:26
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Un groupe de chercheurs et de cliniciens conduit par les Professeurs Éric VIVIER (CIML / CNRS, INSERM, AMU, AP-HM, Académie Nationale de Médecine, Institut Universitaire de France), Alain FISCHER (Inserm, Institut Imagine, Hôpital Universitaire Necker-Enfants Malades / AP-HP, Collège de France) et Gérard MICHEL (Service d'Hématologie et d'Oncologie Pédiatrique de l'Hôpital de la Timone / AP-HM), démontre pour la première fois dans Nature Immunology la redondance des cellules lymphoïdes innées chez l’homme.

Les cellules lymphoïdes innées au cœur de nombreuses interrogations 

Lors des situations pathologiques, le système de défense de notre organisme mobilise un large panel de cellules spécialisées : cellules dendritiques, polynucléaires, macrophages, cellules Natural Killer… Ces cellules dites innées réagissent quasi instantanément à l’agression et déclenchent la réponse immunitaire. Les ILCs (Innate Lymphoïd Cells) sont les derniers membres identifiés de cette famille. En pratique, elles ont une morphologie de cellule lymphoïde, produisent les mêmes cocktails de cytokines que les lymphocytes T mais, à l’instar de leurs congénères de l’immunité innée, elles sont dépourvues de récepteurs spécifiques aux antigènes. D’un point de vue fonctionnel, elles se classent en deux catégories : les cellules tueuses NK et les ILC auxiliaires qui relaient les signaux d’activation vers d’autres cellules immunitaires.

Si des études récentes ont montré l'importance de certaines sous-populations d'ILCs dans l’immunité de la souris, leur rôle chez l’homme est encore énigmatique.

Le rôle physiologique des ILCs passé au révélateur de patients DICS greffés depuis plus de 30 ans !

Les Déficits Immunitaires Combinés Sévères (SCID) représentent un groupe de maladies génétiques rares qui se caractérisent par l’absence de lymphocytes T, associée, dans certains cas, à celle des cellules NK et/ou des lymphocytes B. Cette maladie peut être corrigée par une transplantation de cellules souches hématopoïétiques allogénique mais aussi par thérapie génique, comme l’a spectaculairement démontré en 1999 l'équipe d'Alain FISCHER, Marina CAVAZZANA-CALVO et Salima HACEIN-BEY-ABINA (Inserm, Hôpital Necker, Université Paris Descartes).

« Les patients greffés que nous suivons reconstituent leurs populations de cellules T (les cellules prolifèrent et sécrètent normalement des cytokines) mais nous ne savions pas si les ILCs étaient reconstituées ou pas » explique Alain FISCHER.

Les auteurs se sont intéressés aux niveaux de reconstitution des différentes populations immunitaires chez deux groupes de patients greffés présentant un déficit en  cellules T, B et NK : le premier (SCID-X1) résultant d’une mutation du gène IL2Ry (Interleukin 2 Receptor Subunit Gamma) qui le rend « aveugle » à certaines cytokines (IL-2, IL-7, IL-21…), le second  (SCID-JAK3) résultant d’une mutation du gène codant pour une enzyme (la tyrosine kinase du même nom) aux conséquences analogues. Dans le sang périphérique et les biopsies de la vingtaine de patients, les chercheurs ont non seulement retrouvé l’habituel déficit en cellules NK mais aussi peu ou pas d’ILCs.

« Depuis plus de 30 ans, ces patients greffés vivent avec très peu d’ILCs voire sans ILCs du tout ! Pour autant, ils ne développent pas plus de cancers, d’infections ou de maladies inflammatoires que le groupe témoin. » constate Frédéric VELY, enseignant-chercheur au sein de l’équipe d’Eric VIVIER et responsable de la plateforme d’immuno-profiling de Marseille Immunopole. « Notre hypothèse est qu’en conditions normales, les ILCs fonctionnent un peu comme une roue de secours, et contribuent à la robustesse de notre système immunitaire » conclut Eric VIVIER.

Une telle redondance a déjà été observée chez la souris par la même équipe du CIML (Rankin et al., Nature Immunology 2016), les lymphocytes T et certaines ILCs auxilliaires travaillant de concert pour protéger l’intestin des infections bactériennes.

Evidence of innate lymphoid cell redundancy in humans

Frédéric Vély, Vincent Barlogis, Blandine Vallentin, Bénédicte Neven, Christelle Piperoglou, Thibaut Perchet, Maxime Petit, Nadia Yessaad, Fabien Touzot, Julie Bruneau, Nizar Mahlaoui, Nicolas Zucchini, Catherine Farnarier, Gérard Michel, Despina Moshous, Stéphane Blanche, Arnaud Dujardin, Hergen Spits, Jörg H W Distler, Andreas Ramming, Capucine Picard, Rachel Golub, Alain Fischer & Eric Vivier.

Link on publication

http://www.nature.com/ni/journal/vaop/ncurrent/full/ni.3553.html
Nature Immunology, Published online September 12, 2016; doi:10.1038/ni.3553

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