L'immunité innée au niveau des muqueuses

Les muqueuses représentent la frontière entre notre corps et l'environnement, et elles constituent la première barrière contre les infections. Par conséquent, les réponses inflammatoires doivent être finement régulées pour combattre l'infection sans causer de dommages excessifs ou interférer avec le processus de réparation. Un déséquilibre de ces processus pourrait entraîner la perte de la fonction de barrière et de la fonctionnalité des tissus.

Achille Broggi et son équipe étudient l’immunité des muqueuses L’objectif est de comprendre comment la production et les fonctions des médiateurs immunitaires sont régulées dans la muqueuse intestinale et comment elles régulent et leur implication dans la pathogenèse des maladies inflammatoires de l'intestin (MICI).


 Les muqueuses représentent notre interface avec l'environnement et sont la première ligne de défense contre les agents pathogènes. Leur fonction de barrière physique signifie que le processus inflammatoire doit être étroitement régulé pour combattre les agents pathogènes envahissants tout en limitant les dommages collatéraux aux tissus propres. Chez un individu sain, cet équilibre permet une réparation efficace et le rétablissement de la barrière une fois l'infection résolue.

Nous avons découvert qu'une classe de cytokines antivirales appelée Interféron Lambda (IFN-λ) joue un rôle important dans ce contexte.

En effet, si l'IFN-λ agit principalement sur les épithéliums des muqueuses afin de les protéger directement des infections virales pathogènes, nous avons également constaté qu'il possède une activité régulatrice spécifique sur les cellules inflammatoires (neutrophils)

                                            A                                                        B

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La crypte intestinale après l'irradiation.
Lames d'histologie représentant la muqueuse de l'intestin grêle de souris A) saines, B) présentant des lésions épithéliales après irradiation. Après un dommage, les cellules épithéliales intestinales prolifèrent et reconstituent la fonctionnalité du tissu. Nous nous intéressons au rôle de l'IFN-λ dans ce contexte.

 
Cette double action de l'IFN-λ assure le contrôle efficace des pathogènes viraux et, en même temps, contrôle les réactions inflammatoires potentiellement nuisibles.

Cependant, nous avons récemment découvert que l'IFN-λ a un côté sombre. En effet, lorsque l'IFN-λ est exprimé de manière aberrante à la fin d'une infection virale, il peut altérer la capacité des cellules épithéliales à proliférer et à réparer les tissus endommagés. Dans ces conditions pathologiques, l'IFN-λ peut inhiber la réparation et la résolution de l'inflammation, qui sont nécessaires à la guérison.

Cette capacité de l'IFN-λ à protéger les muqueuses et dans un contexte pathologique, à être néfaste lors de la réparation du tissu, en fait une cytokine extrêmement intéressante à étudier dans le contexte des maladies des muqueuses.

Dans ce contexte, nous souhaitons étudier le rôle de l'IFN-λ dans l'inflammation intestinale, et comprendre comment l'IFN-λ naturel, produit en réponse à la flore intestinale, peut avoir un impact sur la pathogenèse des maladies auto-immunes de l'intestin telles que les MICI.

Nous explorerons cette question en utilisant plusieurs modèles différents, allant de modèles murins in vivo de MICI à des modèles in vitro de biologie épithéliale tels que des organoïdes intestinaux humains et murins et des modèles de cellules immunitaires murines et humaines.

Comprendre comment l'IFN-λ régule différemment la réponse immunitaire et épithéliale sera extrêmement utile pour concevoir des thérapies capables d'une part de favoriser le rôle anti-inflammatoire de l'IFN-λ, et d'autre part de limiter son rôle délétère lors de la récupération réparation tissulaire.